L’Église

La construction de l’église

Le présent article est consacré aux bâtisseurs de l’édifice : maçons, charpentiers, clouteurs, voituriers, et autres artisans du pays. Les plans furent établis par l’architecte de Saint-Dié, M. ALLEMAND. Les premiers coups de pioches furent donnés en 1814. L’église fut terminée en 1820 lors de la remise des comptes de dépenses par M. Jacques MARX au conseil municipal. Maire du village, il cumulait dans cette affaire les fonctions de maître d’œuvre, maître d’ouvrage et de banquier ; situation que nous jugerions aujourd’hui comme intenable tellement elle présentait de risques de confusion des genres. Pourtant, il fit face, c’était lui le promoteur de cette construction ; il devait réussir ! Il réussit malgré les malheurs qui allaient s’abattre sur le village et ses environs. En 1814, passage d’un corps d’armée allemand fort de 15000 hommes et 60 canons. Le village est transformé en véritable bourbier. Les femmes s’enfuient en forêt. En 1815, 60000 soldats bivouaquent à ALLARMONT. En 1816, une épidémie de choléra se déclare, accompagné d’une grande famine. Il faut du courage pour édifier une église dans de telles conditions ; Jacques MARX n’en manque pas mais c’est un défi à sa portée !

Honneurs à ces hommes mais aussi à ces enfants qui se sont investis dans cette construction  pendant les années les plus noires que la France napoléonienne en guerre contre la coalition des grandes puissances européennes va connaître.

Modestement mais sûrement ALLARMONT construisait sa nouvelle église. Les tailleurs de pierres qui assuraient parfois l’extraction des moellons dans la carrière sise au bas de la HAUTE COTE effectueront le plus gros travail, bien entendu. Il existait un chemin partant en direct du bas de la Haute Côte jusqu’à l’église, il était pratiqué par les schlitteurs en hiver et par les voitures à bœufs en été. À la fin de la construction Jacques MARX prit soin de faire remblayer l’excavation. Ce sens de l’écologie lui coûtera 12 francs d’or. Les tailleurs et extracteurs de pierre étaient tous habitants d’ALLARMONT.

La priorité était donnée aux entreprises ou artisans de l’ancienne Principauté de Salm : Badonviller, Allarmont, Senones, Raon-sur-Plaine, Grandfontaine, Bréménil. Les autochtones étaient favorisés. C’était naturel puisque le but de la construction étaient bien de donner du travail aux villageois en ces temps difficiles.

On comprendra  aisément que cette faveur affichée par M. Jacques MARX pour la population de son village provoquât une reconnaissance éternelle. Je dis éternelle, car, cher lecteur, si tu fréquentes le cimetière d’ALLARMONT à tes moments perdus tu pourras constater que les tombes des familles qui ont travaillé pour l’église sont toutes au voisinage de la sépulture du Sieur. Jacques MARX dans la rangée Nord. N’est-ce pas un signe ? Ne sont-ils pas en train de construire d’autres églises dans l’au-delà ?

Gérard KOBLE